Arnaud DUCAP, commissaire aux comptes et Président de la commission Transformation numérique et IA de la CNCC fait le point sur cette 5e édition. Fortement engagé dans l’organisation du HackAudit ces dernières années et expert des sujets IA et IA generative dans l’audit, il est indispensable de l’interroger sur cette 5e édition.
Bonjour Arnaud. C’est la 5e édition du HackAudit, qu’est-ce qui retient particulièrement votre attention cette année ?
Arnaud DUCAP : Ce qui me frappe cette année, c’est l’engouement des étudiants pour le sujet. Au-delà de l’intérêt pour l’IA et l’IA générative, c’est leur engagement à contribuer à la transformation de la profession avec un regard neuf, tout en s’appuyant sur les avancées permises par l’innovation technologique. Avec l’IA générative comme thème central, nous sommes aux prémices d’une véritable révolution dans un domaine souvent perçu comme très conservateur. Les étudiants se sont prêtés au jeu pour inspirer les professionnels en repoussant les frontières de l’innovation. Leur enthousiasme ainsi que la qualité des projets proposés montrent que notre profession est en pleine mutation vers des horizons passionnants. Cette édition illustre parfaitement comment l’IA peut renforcer la confiance dans les processus d’audit, en apportant plus de transparence et de précision, et également comment la profession peut poursuivre son rôle sociétal en étant l’acteur de confiance de la transformation numérique.
Le thème central est l’intelligence artificielle et l’IA générative. Comment percevez-vous l’impact de l’IA dans l’activité des commissaires aux comptes ?
Arnaud DUCAP : L’IA, et en particulier l’IA générative, est un levier de transformation majeur pour notre profession. Elle permet d’automatiser des tâches répétitives, d’améliorer la précision des analyses et d’identifier des risques ou des opportunités de manière plus proactive. Mais au-delà des gains opérationnels, c’est un véritable changement de paradigme : les commissaires aux comptes deviennent des partenaires stratégiques capables d’exploiter des technologies avancées pour mieux accompagner les entreprises. L’IA renforce également la confiance en apportant une rigueur et une transparence accrues dans les processus d’audit, ce qui est essentiel pour notre profession.
Il est important de souligner que l’IA ne va pas supprimer le métier de commissaire aux comptes. Au contraire, la technologie sera utilisée pour traiter les sujets à faible valeur ajoutée, permettant ainsi à la profession de se redéployer sur des problématiques à enjeux au service de nos clients. Cette évolution offre une opportunité unique de se concentrer sur des missions à forte valeur ajoutée, renforçant ainsi notre rôle en tant que partenaire de confiance pour les entreprises leurs dirigeants et leurs actionnaires.
Comment les projets soumis reflètent-ils cette orientation vers l’innovation et la modernisation de la profession ?
Arnaud DUCAP : Les projets soumis témoignent d’une volonté d’explorer de nouvelles façons d’aborder l’audit et le conseil. Beaucoup d’équipes proposent des outils basés sur l’IA pour automatiser les contrôles, renforcer la transparence ou mieux accompagner les entreprises dans leur transition digitale. Cela montre que les nouvelles générations ont une vision novatrice de la profession, axée sur l’efficacité, l’adaptabilité et la valeur ajoutée. Ces innovations contribuent à renforcer la confiance des parties prenantes en rendant les processus d’audit plus fiables et transparents.
Quel est le rôle des mentors, notamment les commissaires aux comptes, qui accompagnent les équipes lors de la phase 2 ?
Arnaud DUCAP : Les mentors jouent un rôle essentiel en apportant leur expertise technique et leur expérience terrain. Ils permettent aux équipes de confronter leurs idées à la réalité des pratiques professionnelles, de mieux comprendre les enjeux réglementaires et d’affiner leurs solutions. C’est aussi une occasion unique pour les mentors d’échanger avec des talents jeunes et créatifs, ce qui est enrichissant dans les deux sens. Leur accompagnement est crucial pour garantir que les solutions développées sont non seulement innovantes, mais aussi fiables et conformes aux standards de la profession, renforçant ainsi la confiance dans les résultats obtenus.
Avec 20 campus partenaires, 42 équipes et 152 inscrits répartis dans toute la France, le HackAudit contribue à l’attractivité de la profession sur l’ensemble des territoires. Quel est le rôle des CRCC dans cet événement ?
Arnaud DUCAP : Les CRCC jouent un rôle clé dans l’organisation et la mobilisation des acteurs locaux. Nous travaillons ensemble depuis le printemps dernier, elles permettent de créer des ponts entre les étudiants, les professionnels et les entreprises du territoire. Leur implication garantit également que l’événement bénéficie d’une forte visibilité régionale, ce qui est crucial pour attirer de nouveaux talents et renforcer l’attractivité de la profession. En soutenant cet événement, les CRCC contribuent à renforcer la confiance dans la profession en montrant son dynamisme et son engagement envers l’innovation et la modernisation.
Qu’avez-vous envie de dire aux étudiants qui souhaitent devenir auditeur ?
Arnaud DUCAP : Je leur dirais que le métier d’auditeur est en pleine transformation et qu’il offre des opportunités incroyables pour ceux qui aiment les défis intellectuels et technologiques. En tant qu’auditeur, vous serez au cœur des décisions stratégiques des entreprises, avec un impact direct sur leur durabilité et leur performance. C’est une profession exigeante, mais passionnante, qui vous permettra de développer des compétences pointues et de contribuer à des projets d’envergure.
L’IA jouera un rôle clé dans cette transformation, apportant trois avantages majeurs : qualité et efficacité dans l’exécution de l’audit et valeur ajoutée pour les clients. Elle permettra d’améliorer la précision des analyses, d’automatiser les tâches répétitives et de libérer du temps pour se concentrer sur des missions à forte valeur ajoutée.
Pour la 1ère fois, l’ensemble des commissaires aux comptes pourront voter afin de sélectionner les finalistes. Vous allez présenter cette élection aux Assises nationales de la CNCC les 5 et 6 décembre. Vous êtes particulièrement attaché à cette participation ?
Arnaud DUCAP : Absolument. Cette nouvelle dimension participative est un formidable moyen d’impliquer l’ensemble de la profession dans un événement qui vise à imaginer son avenir. Présenter cette élection lors des Assises nationales est une occasion unique de montrer l’engagement collectif des commissaires aux comptes et de mettre en avant les projets innovants qui reflètent leurs attentes et leurs besoins. Cette participation renforce la confiance en la profession en montrant une volonté collective de s’engager dans l’innovation et la modernisation.
La finale du HackAudit 2024 se déroulera le 6 février 2025 à Station F. Qu’attendez-vous de cette rencontre entre les étudiants et les commissaires aux comptes ?
Arnaud DUCAP : Je m’attends à une rencontre riche en échanges et en inspirations. Station F est le lieu idéal pour mettre en lumière l’esprit d’innovation qui anime le HackAudit. Cette finale est une opportunité exceptionnelle pour les étudiants de présenter leurs idées devant des professionnels, et pour les commissaires aux comptes de découvrir les talents et les solutions qui façonneront la profession de demain. C’est une véritable passerelle entre les générations et une célébration de l’avenir de l’audit.
Propos recueillis le 28 novembre 2024, par Frédéric Campart pour le HackAudit.